ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE NoireOu de la conception maçonnique du pouvoir.(Partie 11)
- jeanbernardritt
- 29 avr. 2021
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ROBES-PIERRE Blanche, ROBES-PIERRE Noire
Ou de la conception maçonnique du pouvoir.
(Partie 11)
Lors de la fête du 20 prairial an II apparaissent les premières manifestations antirobespierristes, troublant l’étonnant cérémonial davidien : « Parmi ceux qui dirent beaucoup d’injures à Robespierre pendant la procession, confie Baudot, je distingue particulièrement Thirion, Ruamps, Montaut, Duhem, Le Cointre de Versailles. » Tous étaient de la Montagne et trois d’entre eux passaient pour proches de Danton, dont Le Cointre qui aurait alors déclaré : « Robespierre, j’aime ta fête, mais toi, je te déteste ! ».
Robespierre ne suit pas Rousseau dans sa rigueur lorsqu’il autorise le bannissement de l’incroyant « non comme impie, mais comme insociable ». Ainsi, lorsque le 26 floréal (15 mai) 1794, le jeune Julien (de Paris), agent du comité de salut public et commissaire à l’Instruction publique, propose aux Jacobins une adresse de félicitations à la convention où figure la proposition de bannir les athées de la république, Robespierre demande le retrait de ce paragraphe, sur le motif que « ce serait inspirer trop de frayeur à une grande multitude d’imbécilles ou d’hommes corrompus. ». Et de conclure : « Je crois qu’il faut laisser cette vérité dans les écrits de Rousseau, et ne pas la mettre en pratique. » A la même séance, d’ailleurs, il prend la défense du Montagnard Lequinio ; accusé s’athéisme pour ses écrits Les préjugés détruits et Du bonheur : « Lorsque nous avons développé les principes immortels qui servent de base à la morale, di Robespierre, nous en avons parlé en hommes publics et sous le rapport de l’intérêt sacré de la liberté (…). Que nous importe ce que tel a dit, ce qu’il a écrit ? Ce qui nous intéresse est de savoir si tel est un conspirateur. »
On a souvent opposé Danton à Voltaire et Rousseau pour écrire que, pour Voltaire, il fallait un trône sans l’autel, pour Rousseau, un autel sans trône, tandis que pour Danton, il ne devait y avoir ni autel, ni trône.
Robespierre dans son Rapport dénonçait bien sûr l’Eglise et ses « prêtres ambitieux » qui avaient voulu légitimer les monarchies (le despotisme) et s’étaient érigés en autorités intermédiaires (tyranniques) entre l’homme et la Divinité : rien de très original, ici, en cette fin du XVIII° siècle.
MATERIALISME ET IDEALISME :
De cette conception de L’Etre suprême de Robespierre, résulte la double conception suivante, qui vise à maintenir la religion, tout en permettant la possibilité de la science :
Du point de vue de sa pratique, le savant est résolument matérialiste et athée (la raison seule, déterminisme, méthode expérimentale, observation et expérimentation,…)
Du point de vue de sa vie privée, le savant peut croire en une religion (la foi, Dieu, la création,…)
Cette conception du monde repose sur le cartésianisme (métaphysique idéaliste chrétienne, physique matérialiste athée), et la conception déiste de Voltaire : « Si Dieu n’existe pas, il faut l’inventer », car c’est une conception utile pour contenir les velléités de libération du peuple.
A la différence que Robespierre instaure une religion d’Etat. Ce sera un obstacle à la mise en œuvre du principe de laïcité, qui devra attendre 1905. A cette conception s’oppose la conception résolument matérialiste et athée des déchristianisateurs, des enragés, puis de Babeuf.
On a chez Rousseau (Profession de foi du vicaire savoyard) la base du culte de l’Etre suprême, un dieu statique réfutant les tendances religieuses, au nom du pur individualisme.
Ce culte de l’Etre suprême sera la base idéologique et culturelle de l’Etat bourgeois français, né de la révolution bourgeoise de 1789.
LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION MILITAIRE (LE GENERAL)
LUTTE CONTRE L’OPPRESSION MILITAIRE (LE GENERAL) :
Robespierre, tant qu’il siège à la Constituante, se méfie des officiers de l’armée, qu’il trouve suspects, en particulier La Fayette.
Robespierre est d’abord hostile à la guerre. Il prend en compte l’impréparation de l’armée française, dont les officiers ont pour la plupart rejoint l’émigration.
Robespierre, avant de précipiter la France dans une guerre à laquelle elle n’est pas préparée, préconise un certain nombre de mesures, ne pas déclarer la guerre actuellement, fabriquer des armes, armer le peuple au besoin avec des piques, surveiller de près les ministres et le punir s’il le faut, s’occuper du peuple et de sa misère avant de se lancer dans un conflit coûteux.
Et il convient avant tout de pourchasser les prêtres réfractaires qui constituent à ses yeux un foyer de contre-révolution.
Robespierre sait bien que la Cour peut tirer profit d’une guerre et qu’elle intrigue dans ce sens.
L’obsession de Robespierre, qui sur ce point n’a pas tord, reste l’encadrement des armées par des officiers naturellement issus de l’Ancien Régime et peu enclins à servir le nouveau pouvoir. Ainsi, dénonce-t-il sans cesse leur trahison. :
Les erreurs et le crimes de la révolution : les fusillades qui se multiplient à Lyon et à Nantes Carrier noie de prétendus suspects en liant homme et femme l’un à l’autre en appelant cela « un mariage républicain », pendant qu’à Lyon, Fouché se conduit comme un criminel, et que les Vendéens sont exterminés. Tallien mène également des exactions sanguinaires à Bordeaux.
Il convient de distinguer au XVIII+ siècle, deux types de guerres : les guerres de rapine, guerres pour se procurer des richesses, et les guerres de libération, guerres contre l’oppression. Les premières sont des guerres injustes, les secondes sont des guerres justes. Ainsi, la guerre pour dominer la Belgique, entre l’Angleterre et la France est une guerre de rapines. Par contre la guerre entre les rois coalisés et la France républicaine est une guerre juste pour propager les idées nouvelles en Europe et au-delà.
Robespierre s’est opposé aux guerres injustes et a prôné les guerres dans l’intérêt général.
Du point de vue militaire, ma position est mitigée, mais plutôt j’attribuerai une boule blanche.
Robespierre a bien entrevu l’aspect impérialiste des guerres entreprises par une partie de la haute bourgeoisie (Belgique, colonies,…). Il s’est rendu compte également que les fauteurs de guerre (la Cour, les Girondins,…) avaient pour objectif réel et caché d’affaiblir et de faire envahir le territoire français par les ennemis de la République.
Il s’opposait à l’extension des droits révolutionnaires par les fusils : les idéaux révolutionnaires et la destruction des systèmes féodaux ne s’exportent pas par la force armée.
Cependant, il a su mener le combat pour préserver les acquis révolutionnaires.
LA GUERRE EXTERIEURE :
Robespierre, le 18 décembre 1791 : « La nation ne refuse point la guerre si elle est nécessaire pour acheter la liberté ; mais elle repousse tout projet de guerre qui serait proposé pour anéantir la liberté et la constitution sous le prétexte de la défendre. »
Il fait allusion au parti de la guerre autour du roi « qui espère que celle-ci nous sera défavorable et rétablira le souverain dans ses droits anciens. »
Le 20 avril 1791, l’Assemblée législative décide de déclarer la guerre « au roi de Bohême et de Hongrie ».
Robespierre : « Puisque la guerre est décrétée […] il faut faire comme je l’ai proposé plusieurs fois, non pas la guerre de la cour et des intrigants dont la cour se sert, mais la guerre du peuple : il faut que le peuple français se lève désormais et s’arme tout entier, soit pour combattre au-dehors, soit pour surveiller le despotisme au-dedans. »
La déclaration de guerre est pleine d’arrières pensées :
Les brissotins veulent, avec la guerre, briser la monarchie ;
La guerre peut permettre de relancer la Révolution ;
La guerre peut permettre au roi de retrouver tous ses pouvoirs.
Deux guerres différentes :
La guerre contre les émigrés et leurs alliés, les rois de l’Europe ;
La guerre bourgeoise pour la suprématie commerciale et pour les colonies.
Ces guerres coutèrent à la France, jusqu’en 1799, un peu moins de 500 000 hommes.
Comportement par rapport à la guerre :
Les Girondins sont favorables à une croisière de la libération en Europe. Ils veulent aussi un compromis avec le roi.
Les paysans plutôt contre-révolutionnaires en Vendée.
Robespierre estime qu’il y a trois risques dans la guerre :
L’occupation de peuples ;
La diversion : le retour du mouvement de réaction en France ;
Le despotisme si l’aspect militaire prend le dessus.
Robespierre est pacifiste par rationalité.
Puis, quand la guerre éclate, il faut gagner la guerre, mais ne pas faire une guerre d’annexion.
Solutions pour financer la guerre : l’impôt, ou l’emprunt. Les biens nationaux. Refus de la bourgeoisie.
L’inflation finance la guerre : Voici l’évolution d’un assignat de 100 francs :
Juin 1791 : 85
Janvier 1792 : 66
Mars : 53
Janvier 1793 : 55
Mars : 50
Avril : 47
Juillet : 33
Septembre : 29.
Chiffes éloquents et qui tracent la courbe des souffrances et des colères populaires. Les conséquences : hausse rapide des denrées de première nécessité, d’une part, pénurie de ces mêmes denrées, d’autre part.
Les représentants du peuple (Roux, Leclerc, Varlet) entrevirent que la guerre – la guerre bourgeoise, la guerre pour la suprématie commerciale – aggravait la condition des bras nus ; ils aperçurent la grande escroquerie de l’inflation, source de profits inouïs pour les riches, ruineuse pour le pauvre.
La scission à éviter :
Le développement intrinsèque de la révolution devait à lui seul conduire à une différenciation au sein du tiers-état. Mais un événement extérieur à la révolution et qui se greffa sur elle accéléra le processus de scission entre bourgeois et bras nus : la guerre. La bourgeoisie finança la guerre par l’inflation. La guerre, l’inflation lui procurèrent des profits énormes. Mais, parallèlement, l’émission désordonnée de signes monétaires eut pour conséquence la disette et la vie chère. Le contraste, chaque jour plus criant ente l’opulence bourgeoise et la détresse populaire creusa, surtout dans les villes, un embryon de scission entre les riches et les pauvres.
Malgré leur lutte commune contre l’ancien régime, les deux fractions du tiers-état s’opposèrent l’une à l’autre, commencèrent à se constituer en deux classes distinctes aux intérêts antagonistes. A Paris, notamment, une avant-garde aperçut, bien qu’encore confusément, que cette révolution à laquelle elle avait prêté la force de ses bras et pour laquelle elle avait versé son sang, ne lui apportait pas en fait l’égalité proclamée en droit, qu’elle enrichissait les uns et appauvrissait les autres.
La guerre, du côté français, la prétention d’apporter la liberté aux pays voisins semble bien n’avoir été qu’un prétexte recouvrant des appétits très matériels.
Qui paiera la guerre ?
Puisque la bourgeoisie ne voulait pas payer (ni impôt, ni emprunt), il ne restait qu’une seule ressource : puiser les milliards nécessaires à la guerre, pour une part, dans les poches des contre-révolutionnaires et, pour une part beaucoup plus importante, dans les poches du peuple. La bourgeoisie confisqua les biens du clergé et des émigrés, et elle se lança dans l’inflation. Saint-Just : « La république, entraînée dans la guerre universelle, fut obligée de multiplier les monnaies pour subvenir à d’énormes dépenses. »
Conceptions divergentes sur la question de la guerre : Robespierre se brouille avec Carnot.
Les relations entre les membres du comité de salut public s’étaient dégradées depuis floréal an II, notamment entre Carnot et Saint-Just. La campagne s’étant mal engagée sur la frontière du Nord, des considérations stratégiques opposèrent bientôt les deux hommes, le militaire n’entendant pas recevoir de leçons. Carnot, qui s’était déjà prononcé pour la guerre de conquête, en 1793, proposait l’annexion de la Flandre maritime et une expédition en Hollande, alors que Saint-Just prônait une tactique strictement défensive sur la Sambre. Dans le domaine militaire, Carnot se situait aux antipodes de Robespierre, Saint-Just ou bien Billaud-Varenne.
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