Repas moulus

Jean Bernard RITT Le 5 décembre 2024

28 rue des Hêtres

Objet :

EHPAD de la Grange aux Bois . Madame Marie RITT. Repas moulus, grenouillères sur avis médical. Sommeil. Mise au lit la Journée vers 16 heures et les week-ends.

Bonjour Madame,

Lors d'une réunion du Comité de Vie Sociale de l'EHPAD de la Grange aux Bois , les responsables de l'établissement m'ont conseillé de m'adresser à vous , concernant les repas moulus servis à ma mère Marie RITT, résidente de l'EHPAD de la Grange aux Bois , depuis plusieurs années, et trop souvent dans son lit, soit le soir , soit le week-end. De plus , ils l'ont obligé à porter une grenouillère toute la journée, grenouillère payée par la famille (85,44 € en 2021).

Ils indiquent qu'il s'agit, de prescriptions médicales, et je souhaite savoir si vous avez effectivement prescrit ces action.

1) Les repas moulus:

Comment convaincre les résidents de manger quand les repas qui se suivent se ressemblent et ne procurent aucun plaisir ?

Les gériatres savent à quel point le contenu de l'assiette affecte la santé et la longévité de personnes âgées. D'abord , parce qu'il leur apporte les nutriments et l'énergie nécessaires au bon fonctionnement de leur organisme. Et puis le repas doit rimer avec plaisir.

peu appètent et sans couleur, entre la brandade mixée et le yaourt nature , il est pas sûr que les résidents sautent sur leurs repas.

Aide aux repas insuffisants, problèmes dentaires ou de déglutition, odorat et goût émoussés , plats peu appétissants, .. les risques de dénutrition , les risques de dénutrition sont grands à cet âge (infections nosocomiales, risques de chutes ,...) . On estime à 30 % les personnes dénutries dans les EHPAD.

Quand je passe ma mère mange de bons appétit les biscuits, les barres de chocolat, les bananes, ... et ceci à n'importe quelle heure de la journée.

Les repas se heurtent à la restriction des budgets . Il en résulte que les produits sont de piètre qualité, sans véritable suivi sur ce que mangent les résidents ou non, ni effort de présentation. Moyenne nationale de 5 à 6 € pour quatre repas par jouir (achat des produits) . donc des portions (notamment de viande) réduites: petit déjeuner, déjeuner, collation et dîner).

Nécessité du recours à une diététicienne, en contact avec les résidents . Afin d'équilibrer féculents et légumes.

Le repas mixé est une facilité pour le service. Repas mixés proposés le plus souvent à cause de difficultés à mâcher ou de troubles de la déglutition. Souvent peu appétissant, sans aucun goût, toujours la même chose, une bouillie immangeable, des aliments non identifiables. Si la personne ne mange pas le repas mixé, il n'y a pas d'autre solution et la personne maigrit.

L'EHPAD mixe tous les repas, car il est plus rapide de nourrir à la cuillère plusieurs personnes en même temps, que de leur couper la viande et attendre qu'elles mâchent.

Normalement, la prescription du mixé est posée par un orthophoniste spécialisé dans la déglutition, et elle n'est pas définitive. D'autant plus que le mixé est complété par de l'eau; Le plaisir de croquer et de mâcher disparaît et l'appétit avec.

Normalement , les résidents doivent être pesés au moins une fois par mois, rythme normal en l'absence de problème de santé . Et j'ai fourni, lors de la présence de ma mère une balance.

De plus, lorsque le budget est là, on peut proposer un mixé de qualité. Le mixé peut être restructuré à l'aide de moules en silicone pour lui donner une forme de cuisse de poulet, de poisson ou de côte de porc, car le visuel est important. Le coût d'une machine est de 1500 €: elle permet de travailler la texture avec des gélifiants et le goût avec des jus et des épices.

Repas servis sur des plateaux dans les chambres : parfois froids. Distance entre le cuisiner et les chambres les plus éloignées, dans les étages.

Quant aux horaires de repas, le déjeuner peut être servi tard (après 10 heures du matin) trop proche du repas de midi. Collation vers 15 heures , trop proche du dîner.

Dîner au lit , vers 18 heures, petit déjeuner ,; s'il y a , vers 10 heures , notamment le dimanche matin. Le temps passé entre le repas du soir et le petit déjeuner du lendemain matin , dans 75 % des cas, le s douze heures de jeûne recommandes par les gériatres s'avèrent dépassées !

L'aide à table : les plus mal lotis sont les résidents qui ont des difficultés à porter la nourriture à la bouche: souvent la nourriture servie est froide. Il faudrait du personnel en nombre suffisant, tant en cuisine, qu'en salle. (quotas actuels: six pour dix résidents). En 2021, la Défenseure des droit a fixé une recommandation d'un ration minimal d’encadrement au moins huit soignants et animateurs pour dix résidents. plus particulièrement aux moments clés de la journée; lever, toilette, repas coucher.

Les aliments sont moulus soi disant moulu pour des raisons médicales .Il y aurait des problèmes de déglutition, et donc un risque de s'étouffer ...J'attire l'attention que toute personne peut être soumise à une erreur de trajectoire de l'aliment avalé. Moi-même , j'ai manqué m'étouffer avec une feuille de salade. Il est reconnu l' importance de mâcher la nourriture, mais cela prend du temps. Il est plus facile de donner à la petite cuillère. De plus nourrir par du "moulu", constamment, sauf prescription médicale, peut conduire à une perte de goût et d'appétit ... Il est déconseillé de donner de la nourriture mâchée tout le temps ou sur le long terme. De plus il m'a été rapporté qu'une personne bien connue, résidente d'origine polonaise, sans famille à proximité, est morte , est morte, étouffée par son repas, vomi et régurgité, après une nuit ... Il s'agit plus d'un problème de surveillance que d'un problème purement médical, sauf cas exceptionnelles.

2) Mise d'une grenouillère:

Pourquoi une grenouillère ? Pour les personnes âgées, ou à mobilité réduite, la grenouillère est un vêtement que l'on enfile, et dont l'achat est facturé à la famille. Ce vêtement est muni d'une fermeture à glissière, qui se trouve dans le dos, jusqu'à l'entrejambe, afin de faciliter les gestes d'habillage et les soins quotidiens, en limitant les manipulations.

Voici le témoignage de ma mère:

"Mon fils s'est opposé à ce que je porte une grenouillère. Il a rencontré les responsables de la maison de retraite, en exposant tous le éléments qui allaient à l'encontre d'une telle torture qui m'est infligée. En effet, j'ai l'habitude de porter une culotte et une chemisette, alors que cette grenouillère se porte sur la peau au-dessus de la couche. Jusque là j'avais aussi l'habitude d'aller seule aux toilettes, mais là cela devient impossible, car la grenouillère s'ouvre dans le dos. C'est une ultime dépossession du corps, et une façon de faire en sorte que la personne baigne dans les odeurs des excréments et de l'urine, perdant toute humanité.

Les arguties pour obliger à porter cette grenouillère, sortes de camisole de force, est d'affirmer à mon fils que je me dénude devant les autres résidents, en arrachant ma couche. Mais la vraie raison est d'économiser encore le temps consacré à mon entretien et au changement des couches. Cette façon de lutter contre la dignité humaine se retrouve , par exemple, dans les entreprises, où les capitalistes , pour ne pas perdre de temps, car « le temps, c'est de l'argent », obligent les employés à porter des couches, pour faire leurs gros et petits besoins, et éviter ainsi de consacrer du temps aux toilettes. C'est une véritable dépossession de mon corps. L'une des conséquences est de tenir à l'écart du peu d'activités sociales existant dans un tel environnement . Heureusement que les jours de visite, mon fils change la couche polluée ! C'est une volonté méchante de faire dépérir encore plus vite les personnes dépendantes.

Ma retraite est de 1000 € environ par mois, alors que le coût mensuel de l 'EHPAD est de 2200 € à la charge de la famille. Dernière humiliation subie , et atteinte à ma dignité, les derniers temps de vie, je suis obligée de porter une grenouillère : instrument moyenâgeux, une grenouillère est une sorte de seconde peau, qui enferme le corps , et le rend prisonnier, obligeant à garder une couche imbibée d'urine et d'excréments, pendant une longue durée , entre deux changes de la couche. Ceci par manque de personnel : le ratio de personnel prôné par les professionnels est de huit encadrants pour dix résidents !"

Pour le port de la grenouillère sont avancés des arguments médicaux. L'achat de la grenouillère effectué par la famille permet de prétendre que la famille ne s'y oppose pas. La vraie raison , est là aussi un manque de personnel , car il y a moins de changes de couches. Quitte à déroger à la réglementation, lorsque la personne est couchée tôt en fin d'après-midi, et jusqu'au réveil le matin (10 heures ? Plus ?). La résidente peut rester dans ses déjections, plus de 12 heurtes

3) Mise au lit vers 16 heures de l'après-midi , et parfois pendant toute la journée le week-end:

Faute de personnel, et afin d'éviter les manipulations nombreuses et tardives, la mise au lit (dernière toilette, puis repas en plateau) a lieu très tôt en fin d'après-midi. Lors de passages inopinés , j'ai constaté qu'environ 50 % des résidents mangent sur des plateaux dans leurs chambres.Pourquoi ne pas alterner chambres/ salle à manger, pour l'ensemble des résidents et pourquoi ce sont toujours les mêmes qui sent mis en chambre, c'est-à-dire les résidents les plus dépendants ? J'ai insisté de nombreuses fois sur le fait que la salle à manger le seul lieu avec l'air conditionné, réfrigérée, en été, par fortes chaleurs, et bien chauffé en hiver. Et surtout, une présence en réfectoire permet un minimum de contact social avec d'autres résidents, et combat la solitude. De plus, ma mère se plaint qu'une mise au lit trop tôt, le soir, ou bien toute la journée , conduit à un manque de sommeil la nuit: il est alors difficile de s'endormir. Faut-il vraiment considérer le grand âge comme une maladie, et non pas comme un état naturel, qui nécessite des contacts humains et une prise en compte digne ? Tout cela est dû à un manque de personnel et implique l’absence de la réglementation.

Je suis certains que le personnel et la direction de l'établissement ne demande pas mieux que d'assurer un service digne et décent. Encore faut-il que soit mis en place du personnel suffisant , formé, et rémunéré en conséquence.

Les raisons médicales invoquées sont-elles fondées, ou bien n'est-ce qu'un alibi sans fondement médical, destiné à répondre à un manque cruel de personnel ?

Je vous prie d'agréer, Madame, le Docteur, l'expression de mes sentiments distingués,

  Jean Bernard RITT