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( Partie 2) Moi, résidente en maison de retraite

  • jeanbernardritt
  • 4 mars 2024
  • 6 min de lecture

( Partie 2) Moi, résidente en maison de retraite


Avant son entrée en maison de retraite, chaque résident est classé d'office, dès qu'il a besoin d'une aide régulière , voir journalière dans sa vie quotidienne : C'est le Groupe Iso-Ressource, ou GIR, déterminé en fonction des besoins, de l'âge et des revenus. Les GIR les plus importants sont les trois premiers, Le groupe numéro 1 (GIR 1) correspondant au niveau de dépendance le plus fort, tandis que le sixième groupe (GIR 6) au niveau le plus faible. Chaque groupe correspond donc à la situation précise de perte d'autonomie et met en exergue le type d'aide à la personne (APA) dont le senior a besoin.

C'est en somme le niveau de sénilité. Pour ma part, j'ai été classée , avant mon arrivée, en GIR 3. Très vite, mon état s'est délabré, et ma mobilité a été rendue de plus en plus difficile. Je suis passé d'un déambulateur, amené avec moi à la maison de retraite, à un fauteuil roulant dont je ne peux plus me passer. Mais le GIR 3 n'a pas été modifié, sachant que le niveau du GIR détermine le niveau financier de l'APA, à savoir d'environ 1700 € pour un GIR1 à 1300 € pour un GIR2, 900 € pour un GIR 3 et 600 € pour un GIR4.

Le personnel fait une différence entre trois catégories de résidents présents, au nombre de 60 environ. D'une part les résidents « impotents », qui quittent rarement leur chambre et leur lit. D'autre part les résidents qui se déplacent, souvent en fauteuils roulants, mais qui sont incapables de se nourrir par eux-mêmes. Et enfin les personnes âgées, les plus nombreuses qui peuvent se nourrir par elles-mêmes, qui ont une canne, un déambulateur, une chaise roulante, ou, rarement, qui sont mobiles avec leurs deux jambes. Ces deux catégories, les personnes se nourrissant elles-mêmes, d'une part, et les personnes nourries par le personnel, dites « séniles » par le personnel, sont tout à fait distinctes , de façon géographique, dans le réfectoire, ce qui provoque déjà une première forme de ségrégation.

Une seconde forme de ségrégation concerne la nature sociale tant du personnel encadrant dans son ensemble, que des résidents eux-mêmes. Dans l'ensemble, sans faire de statistiques ethniques, on peut distinguer très clairement les personnes dites « françaises de souche » , les « gaulois », et les personnes dites « issues de l'immigration » essentiellement de l'Afrique, dont le Maghreb et l'Afrique noire. Le personnel encadrant, dont la directrice , en ce qui concerne ma maison de retraite, sont « gaulois » (personnel de direction, administratif, cuisiniers et infirmerie). Le « petit personnel » consacré à l 'entretien des résidents , personnel le plus nombreux, (lavage, ménage, douche, etc.) est du personnel immigré , car, dit-on les français et françaises refusent de faire ce type de travail, à la fois dur, et sous-payé. Ce personnel est toujours en nombre insuffisant (on dit une heure par jour et par résident, pour faire l'entretien et tout ce qui s'en suit, ce qui est plus qu'insuffisant). C'est souvent du personnel précaire, en contrat à durée déterminée, très mal formé, pas du tout sensibilisé au public dont ils ont la charge. C'est donc du personnel plutôt jeune qui change souvent. Sans compter que la direction utilise au maximum , toutes les ficelles permettant de se procurer du personnel peu ou pas payé, comme les personnes en apprentissage, ou les étudiants en stages divers, personnel, cela va de soi, corvéable à merci. Ceci constitue donc une seconde forme de ségrégation, entre du personnel à peu près normalement traité, et du personnel corvéable et exploitable à merci. Je précise que la ville de Metz a été gérée par un maire centre droit pendant trente années, puis un maire dit de « gauche », pendant deux mandats électoraux , soit douze années, sans que personne n'y voit rien de choquant et donc rien à réformer ou à changer. Ne serait-ce permettre aux personnes âgées issues de l’immigration, et habitant les quartiers populaires de résider dans des maisons de retraite. J'appelle le personnel en contact direct avec moi-même, chargé de ma toilette ou de changer ma couche, « les robots », ce que les aides-soignants acceptent volontiers avec beaucoup d'humour. Car c'est la réalité, hélas. En effet, par manque de temps, et parfois aussi par manque de motivation et dégoût des tâches à accomplir, les gestes de ce personnel sont souvent mécaniques, saccadés, rapides … En somme, les résidents sont traités comme des morceaux de viande. Ce personnel, pourtant , a un rôle social indubitablement nécessaire, mais peu reconnu, voire méprisé … Personnel qui n'est pas toujours formé, ne serait-ce au portage de personnes âgées !

Pour être précis, les relations entre résidents et personnel divers , sont plutôt bonnes. Le personnel, dans la mesure des moyens qu'on lui donne, est plutôt dévoué. Seule une minorité de personnes sont malhonnêtes. Et l'on peut dire, d'ores et déjà, que cela tient à l'absence de contrôle de la part des encadrants eux-mêmes, qui préfèrent souvent fermer les yeux.

Ainsi, dans la résidence où je suis , il y a souvent des vols. Les règles d''hygiène ne sont pas toujours respectées et suivies. Souvent, lorsque l'on en fait la remarque, la réponse conventionnelle toute trouvée est de dire : « Cela dépend des équipes en place ! ».

Ainsi l'association où je suis résidente, s'occupe également d'aide à domicile. Et j'ai pu constater par expérience, que, les personnes âgées étant très vulnérables, et faisant souvent confiance « en aveugle », celles -ci sont victimes de vols et d'escroqueries divers (faire payer de la main à la main des prestations déjà payées à l'association par la famille, de façon double à l'agent d'entretien, comme les promenades, garder par devers soi de l'argent liquide destiné à faire les courses, etc.) . Si les familles ne sont pas vigilantes, ces pratiques peuvent durer des mois. Lorsqu'elles sont découvertes, les responsables de l'association préfèrent étouffer l'affaire et licencier les personnes indélicates en cause. Mais la très grande majorité du personnel est composé de personnes foncièrement honnêtes.

Voilà déjà une première indication de l'état d'esprit à la fois des résidents et de leurs familles lorsqu'une personne dépendante est plongée brusquement dans le milieu d'une maison de retraite. Celle-ci passe d'un milieu qui lui est connu et familier, où parfois elle vit seule, dans une grande solitude, mais avec des habitudes bien ancrée, et elle atterrit brusquement dans une collectivité, au milieu d'inconnus, avec d'autres habitudes, et souvent une grande

promiscuité, en tout cas la suppression de toute intimité, tant en ce qui concerne sa toilette, ses repas, et toutes ses heures passées dans le réfectoire. Ce qui ne veut sûrement pas dire qu'il y a le retour d'une richesse des relations sociales et humaines. Et pour la famille, elle qui ne pouvait plus s'occuper d'un père ou d'une mère , d'un grand-père ou d'une grand-mère, devenus impotents, c'est une source d'un sentiment de culpabilité, qui interdit presque tout sentiment de révolte face à des conditions parfois inacceptables. De cette rupture, de ce passage d'un foyer familier à une résidence où tout est nouveau et étranger, sans préparation aucune, résulte un sentiment d'abandon et de culpabilité qui fragilise et conduit souvent à détériorer une situation déjà fragile. Combien de fois n'a-t-on pas entendu parler d'une personne âgée, ainsi transplantée, dont l'état physique et mentale dégénère, passant à une vie végétative, puis à la mort en quelques mois. On dit parfois que telle personne, pourtant coquette en entrant, ne met plus ses bijoux, ne se farde plus, ne mange plus, ou bien « se laisse aller », « se laisse mourir ».

 Mais il convient aussi de donner quelques indications sur d'autres interlocuteurs importants pour les personne de santé fragile. Et d’abord bien sûr , sur le personnel médical, qui compte en premier lieu, le médecin de famille.

Mon médecin de famille, appelons-le Jacadi, voulait, dès 2013 déjà, me « placer » en maison de retraite. « J'y serais bien » disait-il. Je lui répondais chaque fois qu'il enchaînait sur ce point : « La maison de retraite, c'est pas la fête ». C'est dire que , dans les discussions que l'on pouvait avoir entre personnes âgées, aller en maison de retraite, ce n'était pas un brillant avenir, mais une mort lente assurée. D’autant plus que l'on connaît tous des personnes plutôt aisées, de la classe moyenne, pour celles qui ont encore les moyens, elles font tout ce qui est possible pour rester à la maison, où trouver des solutions alternatives, autres que les sinistres maisons de retraite. Mais, lorsqu'il ne devenait plus possible de me maintenir à domicile, entourée de personnel aidant, et que ma famille, devant travailler et ne pouvant pas s'occuper de moi vingt-quatre heures sur vingt quatre, j’ai dû me résoudre à abandonner mon foyer pour m'installer dans une « cellule » de la maison de retraite de la Grange aux Bois, à Metz.

 
 
 

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