Liberté, égalité, fraternité (Partie 33)
- jeanbernardritt
- 20 avr. 2023
- 15 min de lecture
Liberté, égalité, fraternité (Partie 33)
LE REFORMISME, LE PARLEMENTARISME ET L’ELECTORALISME
La condition d’une réelle alternative révolutionnaire consiste à placer sans sectarisme d’aucune sorte toutes les forces populaires sous une orientation révolutionnaire correcte. Cette orientation suppose en premier lieu de se débarrasser une fois pour toutes des illusions légalistes et réformistes selon lesquelles il est possible de vaincre les ennemis du peuple en respectant la légalité bourgeoise, en pensant qu’il est possible d’aller vers le socialisme en conservant le système actuel et en se soumettant à ses institutions et à ses lois réactionnaires. Cela exige de rejeter l’illusion que le pouvoir populaire – sans force armée – pourrait se développer comme un « germe » ou une « plante » au sein du pouvoir bourgeois et que celui-ci cèderait des positions et s’éteindrait progressivement sans être écrasé. L’idée de développer progressivement le « pouvoir populaire » n’est qu’une nouvelle version du réformisme.
On peut et on doit développer, préparer et armer sérieusement des organes de lutte pour la prise du pouvoir, pleinement conscients qu’ils n’ont pas le pouvoir, et qu’ils auront à combattre pour le conquérir. Une orientation révolutionnaire exige de démasquer et d’isoler les dirigeants révisionnistes et réformistes qui se donnent des airs combatifs pour négocier. Elle nécessite d’appuyer et d’orienter l’initiative des masses vers la défense des intérêts matériels et politiques des masses, afin de dépasser les limites des luttes revendicatives et légalistes et, en combattant l’exploitation, de mettre en place un programme réellement révolutionnaire et d’organiser la lutte révolutionnaire pour le pouvoir.
Le marxisme-léninisme n’est pas contre les réformes, bien au contraire ; mais les réformes doivent se faire dans une orientation révolutionnaire. On ne peut qualifier la mobilisation des travailleurs qui se défendent contre la faim et la misère poussées à l’extrême par la crise, d’ « économisme sans principe ». Au contraire, la lutte des masses pour améliorer leurs salaires, pour freiner les hausses, pour combattre les spéculateurs, pour la nourriture… à travers les principes d’un programme révolutionnaire, doit être un puissant affluent dans la lutte contre les putschistes, pour dd énouer la crise par des mesures révolutionnaires, et avancer vers laprise du pouvoir. Si ces demandes des masses sont ignorées ou combattues, dans la mesure où s’intensifie la crise, les démagogues de la bourgeoisie, les révisionnistes et les autres forces réactionnaires réussiront à mieux tromper le peuple.
De même, si les travailleurs des entreprises moyennes et petites doivent être mobilisés pleinement, il faut combattre la politique qui consiste à frapper ces entrepreneurs au même titre que les monopolistes, les poussant ainsi dans leurs bras. On doit essayer au moins de les neutraliser et de leur donner des garanties afin d’isoler les exploiteurs les plus puissants. Autrement, le front uni des ultra réactionnaires se renforcera au dépend du peuple. Cette politique aventuriste qui frappe sans distinction les entreprises moyennes et petites comme les monopoles, n’est que la contrepartie de la politique conciliatrice du réformisme avec les grands exploiteurs. On ne peut prétendre unir le peuple pour combattre et écraser les ennemis essentiels (impérialisme et social-impérialisme et leurs représentants, la bourgeoisie monopoliste des villes et des campagnes) en acceptant et en se soumettant à la division entre opposition et gouvernement, sans abandonner l’idée que les grands exploiteurs accepteront pacifiquement et dans le cadre de leur légalité d’être expropriés.
Les révisionnistes modernes, comme les révisionnistes anciens que Lénine eut à combattre, rendent un grand service à la bourgeoisie. Dans les faits les syndicats dirigés par les révisionnistes s’efforcent de limiter l’ensemble de la lutte de classe du prolétariat des pays capitalistes aux seules revendications économiques immédiates et aux « réformes de structure », tandis que la nécessité de la révolution socialiste n’est pas évoquée ou l’est très peu et de façon démagogique. Mais Lénine disait :
« En réalité, une « élévation de l’activité de la masse ouvrière » est possible uniquement que si nous ne nous bornons pas à l’agitation politique sur le terrain économique. » (190)
Par exemple les organisations syndicales actuelles sont des instruments de défense non pas des intérêts de la classe ouvrière, mais de la classe bourgeoise, et surtout de sa fraction monopoliste. Le trait caractéristique du développement des appareils syndicaux à l’heure actuelle, c’est l’intégration de ces appareils dans l’appareil d’Etat bourgeois. Les révisionnistes (leurs actes démentent leurs paroles) ne sont rien d’autres que des agents de la bourgeoisie capitaliste dans le mouvement ouvrier. Ils sont pour « la négociation pour la négociation ». Le prolétariat révolutionnaire n’est pas contre la négociation « en général ». Le prolétariat révolutionnaire n’est pas « gauchiste ». Mais sa position sur les négociations est une position de classe.
La tactique des compromis et des accords peut se justifier après de longues grèves pour permettre au prolétariat de « souffler » et de se réorganiser. Cette tactique va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière quand on veut l’appliquer en période d’offensive des masses ouvrières. Il est faux de considérer la négociation « en général » et la « négociation pour la négociation » : c’est là un point de vue bourgeois qui trahit les intérêts du prolétariat.
LES ELECTIONS
On ne saurait avoir sur les élections qu’un point de vue de classe. Le contenu des élections varie avec le contenu de la démocratie. Le but des élections diffère selon qu’elles ont lieu en système capitaliste ou en système socialiste. Les élections organisées par la bourgeoisie au pouvoir ont pour but principal de duper le peuple. En organisant périodiquement son jeu électoral, jeu faussé d’avance, la bourgeoisie cherche à persuader le travailleur qu’il détient une « parcelle de pouvoir » qui, avec celle de ses concitoyens, forment la « souveraineté populaire ». Mais depuis que ce système existe, plus d’un siècle, ce « souverain » fait plutôt figure d’esclave, et quelle que soit la République, et la couleur des « élus du peuple », ce qui existe c’est toujours la dictature d’une minorité d’exploiteurs sur la majorité du peuple, c’est toujours la domination du Capital sur le Travail :
« Prenez la société bourgeoise qui se targue de son suffrage universel. En fait, nous le savons, ce suffrage universel, tout cet appareil est transformé en une duperie, car l’énorme majorité des travailleurs est opprimée, écrasée même dans les pays démocratiques les plus avancés, les plus civilisés, écrasée par le bagne capitaliste au point que, pratiquement, elle ne participe pas et ne peut pas participer à la politique. (…) Du point de vue des porte-parole de la société bourgeoise, dès lors qu’il y a « démocratie » et que le capitaliste et le prolétaire participent au scrutin, c’est l’expression des désirs du peuple. Nous savons quel ignoble mensonge constituent ces discours… ». (191)
Les élections organisées par le prolétariat au pouvoir ont un autre but, fondamentalement opposé : celui de déléguer un pouvoir que les masses travailleuses possèdent déjà dans la pratique – et encore cette « délégation de pouvoir » est assortie de toute une série de conditions (tels que contrôle régulier de l’élu, possibilité de le révoquer, etc.). C’est un pouvoir que les travailleurs possèdent déjà. Le prolétariat, par l’intermédiaire de son parti communiste, détient le pouvoir, tout le pouvoir, qu’il a arraché à la bourgeoisie ; les élections ont alors pour but de confier certaines tâches centrales, encore nécessaires sous le socialisme, à des délégués (députés, fonctionnaires, juges…) considérés comme des serviteurs du peuple et responsables devant lui. Tel était selon Marx, le but des élections pendant la Commune de Paris :
« Au lieu de décider une fois pour tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait « représenter » et fouler aux pieds le peuple au Parlement, le suffrage universel devait servir au peuple constitué en communes, comme le suffrage individuel sert à tout autre employeur en quête d’ouvriers, de contrôleurs et de comptables pour son affaire. » (192)
Mais pourquoi faut-il encore des organismes représentatifs, donc des élections, dans le régime socialiste ? Lénine l’a souvent expliqué notamment dans l’Etat et la Révolution :
« Nous ne pouvons concevoir une démocratie, même une démocratie prolétarienne, sans organismes représentatifs. (…) Il ne saurait être question de supprimer d’emblée, partout et complètement, le fonctionnarisme. C’est une utopie. Mais briser d’emblée la vieille machine administrative pour commencer sans délai à en construire une nouvelle, permettant de supprimer graduellement tout fonctionnarisme, cela n’est pas une utopie, c’est l’expérience de la Commune ; c’est la tâche urgente, immédiate du prolétariat révolutionnaire. (…) Nous ne sommes pas des utopistes. Nous ne « rêvons » pas de nous passer d’emblée de toute administration, de toute subordination ; ces rêves anarchistes, fondés sur l’incompréhension des tâches qui incombent à la dictature du prolétariat, sont franchement étrangers au marxisme et ne servent qu’à différer la révolution socialiste jusqu’au jour où les hommes auront changé. Nous nous voulons la révolution socialiste avec les hommes tels qu’ils sont aujourd’hui, et qui ne se passeront pas de subordination, de contrôle, de surveillants et de comptables. » (193)
Il faut donc sous le socialisme, combiner discipline et liberté, exercice indirect et direct du pouvoir, contrôle par en haut (« subordination » dit Lénine) et par en bas. Bref : centralisme et démocratie. Toutefois, cela ne va pas sans créer des contradictions. Parmi les « contradictions au sein du peuple », Mao Tsetoung cite ce type de contradiction :
« Entre le gouvernement populaire et les masses, il y a également des contradictions. Ce sont notamment celles qui existent entre les intérêts de l’Etat, de la collectivité et de l’individu, entre la démocratie et le centralisme, entre les dirigeants et les dirigés, entre certains travailleurs de l’Etat au style de travail bureaucratique et les masses populaires. » (194)
Mais ces contradictions peuvent être résolues car, sous la dictature du prolétariat, les institutions représentatives et le principe électif ont un contenu entièrement nouveau, défini par trois conditions :
1) Suppression du parlementarisme ;
2) Contrôle des masses sur les organismes élus comme sur tout organe de l’appareil d’Etat ;
3) Participation de plus en plus active et directe des masses au gouvernement du pays.
En votant les travailleurs ont conscience d’exercer leur pouvoir : ceux qu’ils vont élire, ce sont des travailleurs comme eux, souvent leurs compagnons de travail, des gens en qui ils ont confiance parce qu’ils les connaissent bien et qu’ils les contrôlent en permanence. La Commune de Paris détenait son autorité du peuple en armes contre la bourgeoisie.
Dans les démocraties bourgeoises, plusieurs partis présentent des candidats aux élections, mais si tous ces partis sont des partis bourgeois, comme c’est le cas en France, où est l’intérêt de « choisir » entre eux ?
Les candidats en pays socialistes sont des travailleurs dévoués, des serviteurs du peuple ; s’ils ne tiennent pas leurs engagements ou bien dégénèrent en politiciens antipopulaires, ils peuvent être révoqués. Le socialisme ne peut être édifié que par des hommes conscients et libres et non par des esclaves, et qui se révolutionnarisent sans cesse. Le seul système où l’homme puisse élever sa conscience et se révolutionnariser, c’est le système de démocratie prolétarienne, c’est-à-dire le système où les travailleurs peuvent progressivement gérer eux-mêmes, directement, toutes les affaires du pays :
« Le communisme dit : l’avant-garde du prolétariat, le parti communiste, dirige la masse des ouvriers sans-parti, en éclairant, en préparant, en instruisant, en éduquant (« l’école » du communisme) cette masse, les ouvriers d’abord, les paysans ensuite, pour qu’elle puisse parvenir et parvienne à concentrer entre ses mains la gestion de toute l’économie nationale. » (195)
La dictature du prolétariat contre les réactionnaires et la bourgeoisie met à la disposition des masses opprimées anciennement mille moyens pratiques pour assurer leur pouvoir et pour le contrôler. Tant qu’existent la propriété privée et, par suite, l’exploitation de la majorité du peuple par la petite minorité de capitalistes, la démocratie n’est qu’une mystification, le Parlement et les élections ne sont que des « instruments fantoches » (selon l’expression de Lénine).
« … dans les vieux pays parlementaires la bourgeoisie a appris à la perfection, à manier l’hypocrisie et à rouler le peuple de mille façons en faisant passer le parlementarisme bourgeois pour la « démocratie en général » etc., en cachant habilement les millions de liens qui unissent le parlement à la Bourse et aux capitalistes, en utilisant la presse vénale et en faisant agir par tous les moyens la puissance de l’argent, le pouvoir du capital. » (196)
Le Parlement bourgeois n’a en fait aucun pouvoir. La véritable « besogne de l’Etat » se fait ailleurs, dans les coulisses et dans les banques, par ceux qui détiennent les moyens de production et par leur personnel politique. Le travailleur, le producteur réel de toutes les richesses de la nation, n’a aucun moyen de participer au parlement bourgeois, soi-disant expression de la « souveraineté populaire ». Ce parlement est un corps étranger aux masses travailleuses.
« Une partie de la petite bourgeoisie prolétarisée, les ouvriers arriérés et les petits paysans, tous ces éléments croient réellement que leurs intérêts sont représentés au Parlement ; il faut lutter contre cela par l’action parlementaire et montrer aux masses la vérité dans les faits. Les théories n’ont pas prises sur les masses arriérées ; elles ont besoin de l’expérience. » (197)
La bourgeoisie dresse mille obstacles devant la masse des travailleurs pour les empêcher même de formuler une opinion politique : fatigué et usé par le travail, matraqué par une propagande insidieuse et diversifiée, le travailleur voit même les libertés fondamentales, comme la liberté de réunion, de presse, libertés chèrement conquises par ses luttes, tronquées de diverses manières. La bourgeoisie veut que la classe ouvrière, et l’ensemble des travailleurs, ne soit qu’une force productive (exploitable à merci) qui ne se manifeste comme force politique que dans le jeu tronqué des élections et l’isoloir remplie bien sa fonction : morceler la grande force collective de la clase ouvrière.
Quelle est l’attitude de l’avant-garde du prolétariat, du prolétariat révolutionnaire, face au Parlement et aux élections bourgeoises alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir ?
Le prolétariat révolutionnaire n’a rien à voir avec le « gauchisme » qui « par principe » refuse de participer au parlementarisme : cette attitude n’est au fond que la contrepartie du réformisme qui participe activement au parlementarisme dans le cadre de la légalité bourgeoise. Le prolétariat révolutionnaire, dans certaines situations, non seulement peut, mais doit participer au parlementarisme et aux élections, mais ceci dans un esprit révolutionnaire.
Les élections, alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir, ont pour but, en général, comme l’a dit Engels, de compter et de rassembler les « troupes » du prolétariat ; participer aux élections bourgeoises peut montrer aux masses, par la pratique, la force réelle que représente le prolétariat révolutionnaire dans la nation, opposée au mensonge du suffrage universel, tel qu’il est pratiqué par le Capital au pouvoir.
La participation du prolétariat révolutionnaire, alors que la bourgeoisie est encore au pouvoir, a également pour but, de montrer par la pratique, le mensonge du parlementarisme bourgeois :
« Nous devons poursuivre la lutte au sein même du Parlement pour détruire le Parlement. (…) Si vous n’en faîtes pas partie, comment dévoilerez-vous telle ou telle manœuvre parlementaire, la position de tel ou tel parti ? » (198)
Participer au parlement pour le prolétariat révolutionnaire a donc pour but d’arracher le « secret » derrière lequel la bourgeoisie conduit ses manœuvres contre le prolétariat. Mais en même temps, le prolétariat doit expliquer aux masses travailleuses, que si le Parlement bourgeois présente un aspect positif, progressiste par rapport aux institutions du moyen âge, il présente aussi un aspect négatif, réactionnaire par rapport à la démocratie prolétarienne, « des millions de fois plus démocratique » »(Lénine). Les révisionnistes, que ce soient les dirigeants de la Deuxième Internationale tel Kautsky, ou les révisionnistes modernes tel Marchais, mettent en avant le premier aspect : ils mettent l’accent sur l’aspect négatif, de façon criminelle, et ceci aussi prouve leur nature de bourgeois, fidèles serviteurs de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier. Par là ils répandent l’illusion que l’on peut aller au « socialisme » en se servant du parlementarisme et des élections bourgeoises dans le cadre bourgeois.
« La critique du parlementarisme est non seulement légitime et nécessaire pour motiver le passage au pouvoir des Soviets, mais absolument juste, puisqu’elle reconnaît que le parlementarisme est historiquement conventionnel et limité, qu’il est lié au capitalisme et à lui seul, et qu’il est progressiste par rapport au moyen âge, mais réactionnaire par rapport au pouvoir des soviétiques.
(…) (Mais) on peut et on doit mener la propagande soviétique dans les parlements bourgeois, à l’intérieur de ses parlements. » (199)
La bourgeoisie révisionniste française du P. « C. » F., avec à sa tête Marchais, prétendait amener la « victoire » du « socialisme » par les élections. Qu’en est-il exactement ? D’abord à considérer l’histoire universelle des deux siècles derniers, jamais les élections n’ont permis la « défaite » de la bourgeoisie ; les victoires populaires ont toujours et partout été arrachées par la lutte. Mais faisant de la démagogie, Marchais prétendait que les conditions ont changé, que, aujourd’hui en France, cela est possible. La prétendue « gauche » en France remettrait en cause la société capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie. Il s’agit là de la vieille mystification selon laquelle on aurait une « droite » représentant le capitalisme et une « gauche » opposée au capitalisme. Or que constate-t-on ?
D’abord que la fameuse « gauche » a passé de nombreuses années au gouvernement (la IV° République, pour ne citer qu’elle, fut une République de « gauche ») et que loin de remettre en cause le capitalisme, elle en fut le défenseur acharné et comme disait « l’homme de gauche » Léon Blum, le « gérant loyal ».
Ensuite, que par son programme actuel, cette « gauche » ne remet nullement en cause le système capitaliste et le pouvoir de la bourgeoisie. La vérité, c’est que « gauche » et « droite » représentent la même société et la même classe. Gauche/Droite est une classification fondée sur une vision électoraliste substituant le parlementarisme à la lutte de classes. Les révolutionnaires ne raisonnent pas en fonction de la « droite » et de la « gauche », mais de la bourgeoisie et du prolétariat. La classification droite/gauche est le produit d’une longue tradition électoraliste, d’une conception parlementaire de la lutte. Si on raisonne de cette façon on se place sous la direction de la bourgeoisie. Si on raisonne en marxiste, en fonction de la lutte de classes, il est clair que « droite » et « gauche » représentent la bourgeoisie. Entretenir les illusions de la droite/gauche c’est entretenir les illusions électoralistes et placer les travailleurs sous la direction d’une équipe bourgeoise.
Par cette classification, on fait disparaître la ligne de démarcation entre le mouvement révolutionnaire et ses ennemis, on présente comme des contradictions au sein du peuple des contradictions entre la révolution et la contre-révolution.
Liberté, égalité, fraternité (Partie 34)
CHAPITRE VI
ROLE DE LA VIOLENCE REVOLUTIONNAIRE
« Il n’y a encore jamais eu une seule question de la lutte des classes que l’histoire ait résolue autrement que par la violence. »
La violence, lorsqu’elle émane des travailleurs, des masses exploitées, et qu’elle est dirigée contre les exploiteurs, oui, nous sommes partisans. » Lénine
L’ETAT, C’EST LA CONTRAINTE
Dans la société de classes, tout Etat est une machine permettant à une classe d’en dominer une autre. Tout Etat est la domination organisée d’une classe sur une, ou un ensemble d’autres classes. L’Etat est donc de la violence organisée, violence qui peut être latente ou manifeste, mais qui est toujours présente. Ainsi l’Etat capitaliste est l’organisation de la violence essentiellement à l’égard du prolétariat et des travailleurs en général : cet Etat est le reflet de la situation des classes sociales dans le système capitaliste. Le pouvoir politique reflète une structure sociale donnée, un certain ensemble de rapports entre les classes, et, en particulier, entre exploiteurs et exploités. L’Etat ne saurait être un arbitre qui serait placé au-dessus des intérêts particuliers, mais il reflète les rapports sociaux, les rapports de classes au profit de la clase dominante, et exerce la contrainte sur les différentes classes dominées. Lorsque la contrainte silencieuse et masquée ne suffit plus, la classe dominante dispose de la force armée (agent de police, C.R.S., juge, armée).
L’Etat bourgeois atteint un degré de complexité tel que l’analyse devient difficile. Il remplit au moins trois fonctions :
Il contrôle la police et l’armée, et en cela il ressemble à tous les autres types d’Etats antérieurs ;
Il fait proliférer une administration tentaculaire, une bureaucratie ;
Il gère directement un certain nombre d’entreprises, dites « nationalisées », comme la Poste en Prusse dès le XIX° siècle.
Il s’agit en général d’assurer le fonctionnement de services nécessaires à l’existence de la société de classes, ou à la production de matières premières, bref d’affaires trop lourdes ou trop peu profitables pour attirer un capitaliste privé, mais dont la classe capitaliste dans son ensemble a besoin (postes, réseaux routiers, mines en voie d’épuisement, SNCF, …). Cet Etat reste le même qu’avant en ce sens qu’il continue d’assurer le fonctionnement de la vie sociale tel qu’il permettra à la bourgeoisie l’exercice de l’exploitation et de l’oppression. En outre, l’intervention de l’Etat constitue un instrument important et efficace d’aggravation des contraintes qui pèsent sur le peuple.
L’Etat bourgeois fait peser sur l’individu des menaces que celui-ci tend à oublier par l’effet de l’habitude, mais dont il redécouvre toute la réalité brutale quand il est menacé de poursuite. Par exemple, les contributions directes et indirectes font peser sur le contribuable une menace que nous tendons à oublier mais dont nous redécouvrons toute la réalité quand nous sommes menacés de saisie, ou taxés d’office pour retards de paiement, etc. Les textes de lois et la jurisprudence de la bourgeoisie suffisent pour établir que l’ « ordre » est toujours le garant d’un certain type de propriété, et d’exploitation de l’homme :
« Il n’est point d’Etat (bourgeois), même le plus démocratique, qui n’ait dans sa Constitution des biais ou des restrictions permettant à la bourgeoisie de lancer la troupe contre les ouvriers, de proclamer la loi martiale, etc. « en cas de violation de l’ordre », mais, en fait, au cas où la classe exploitée « violait » son état d’asservissement et si elle avait la velléité de ne pas se conduire en esclaves. » (200)
La société capitaliste est placée sous la dictature de la bourgeoisie. Qu’est-ce que la dictature ?
C’est un pouvoir politique, qui à chaque moment, peut entreprendre d’exercer n’importe quelle forme de violence pourvue qu’elle corresponde aux intérêts de la classe dominante. Ainsi, par exemple, la « pacifique » république de Weimar s’est transformée en Troisième Reich hitlérien quand la classe bourgeoise dominante et en particulier les sidérurgistes allemands en ont décidé ainsi.
C’est précisément quand les Etats apparaissent affaiblis, déchirés par les contradictions internes, menacés, que l’appareil militaire et bureaucratique joue pleinement son rôle de défenses des intérêts de la classe dominante. Il supprime les périls que la montée des masses fait courir à la classe dominante. C’est précisément ce qui est arrivé en 1958, quand l’armée d’Algérie a rendu possible le retour au pouvoir de de Gaulle. Quand le parlementarisme a menacé ruine, quand l’absence de gouvernement stable a ouvert la voie à des solutions nouvelles, l’armée de la république est entrée en scène. L’Etat bourgeois est donc un chien de garde dont l’importance, les activités, le nombre de fonctionnaires changent au même rythme que les besoins des exploiteurs. Comme il est la violence organisée, fonctionnelle, solidifiée, il ne peut, en général, être renversé que par la violence des masses, par le peuple en armes. En tant qu’il subsiste, l’Etat bourgeois évolue, se transforme, prolifère au point de se changer en un corps monstrueux, et plus que jamais il faut opposer à cette violence institutionnalisée la violence révolutionnaire des masses.
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