La Commune de Paris de 1871 et la Franc Maçonnerie (Partie 18)
- jeanbernardritt
- 23 mars 2021
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La Commune de Paris de 1871 et la Franc Maçonnerie (Partie 18)
L’ŒUVRE DE LA COMMUNE : DES VALEURS PARTAGEES
Les deux objectifs les plus urgents, si la Commune voulait triompher, étaient :
L’appui indispensable de la province ;
La lutte contre l’armée de Versailles.
Premières mesures de la Commune :
Suppression de la vente des objets du Mont-de-piété ; les objets déposés au Mont-de-piété pour moins de 25 francs furent rendus.
Abolition du budget des cultes ;
Confiscation des biens de main morte ;
Pensions alimentaires pour les fédérés blessés en combattant, réversibles à la femme, légitime ou non, à l’enfant, reconnu ou non, de tout fédéré tué en combattant ;
La femme qui demandait contre son mari la séparation de corps, appuyée par des preuves valables, avait droit à une pension alimentaire ;
La procédure ordinaire était abolie et l’autorisation donnée aux parties de se défendre elles-mêmes ;
Interdiction de perquisitionner sans mandat régulier ;
Interdiction du cumul de traitement (le 4 mai) et le maximum des traitements fixé à 6000 francs par an, réduisant ainsi considérablement l’écart dans la hiérarchie des salaires ; dans un rapport du 23 avril apparaît la très moderne notion de « minimum de rémunération ». Les salaires doivent être égaux pour un travail égal.
Les émoluments des membres de la Commune étaient de 15 francs par jour ;
Election des magistrats, l’organisation du jury et le jugement par ses pairs ;
On procéda immédiatement à la jouissance des ateliers abandonnés pour les sociétés de travail ;
Le traitement des instituteurs fut fixé à 2000 francs ;
Le renversement de la colonne Vendôme, symbole de force brutale, affirmation du despotisme impérial, fut décidé, ce monument étant attentatoire à la fraternité des peuples ;
Plus tard, afin de mettre un terme aux exécutions de prisonniers faites par Versailles, fut ajouté le décret sur les otages pris parmi les partisans de Versailles (ce fut en effet la seule mesure qui ralentit les tueries de prisonniers ; elle eut lieu tardivement, lorsqu’il devint impossible sans trahir de laisser égorger les fédérés prisonniers) ;
La Commune interdit les amendes dans les ateliers, abolit le secret politique et professionnel ;
Démocratie directe, construire la démocratie républicaine à partir d’en bas. Auto administration et pouvoirs locaux à l’échelle des quartiers parisiens.
LA LIBERTE, L’EGALITE, LA FRATERNITE :
Sans attendre un quelconque ordre, les citoyens du XI° arrondissement décidèrent de procéder à la destruction des deux guillotines qu’ils avaient trouvées dans une annexe de la sinistre prison de la Roquette. Le 137° bataillon de la Garde nationale se chargea le 6 avril 1871 de cette tâche.
L’idée des Communards était d’établir une justice égale pour tous. Cela signifie la gratuité. Furent supprimés le 23 avril la vénalité des offices. Le 16 mai est décrété la gratuité des actes.
Protot : « Sans doute, le principe de l’élection des magistrats par le suffrage universel doit être la loi de l’avenir. »
Deux réformes essentielles : la Commune fixe la limite des salaires les plus élevés à 6000 francs par an (décret du 2 mai) et abolit le serment politique (décret du 4 mai). Le premier décret a pour but la création d’un gouvernement « à bon marché », idée reprise par Lénine dans L’Etat et la révolution. Tout régime qui s’en écarte va vers la création d’une bureaucratie privilégiée, dont les membres ne tardent pas à constituer une nouvelle « classe » d’oppresseurs. Par ailleurs, la Commune voulait confier les postes clés de l’administration à des citoyens élus par le peuple, donc responsables devant lui et révocables par lui. Faute de temps, cette expérience décisive n’a pas pu être tentée.
Par un décret du 28 avril 1871, la Commune supprime le système des amendes. Ce système, institué sous l’Empire, permettait de frapper les ouvriers pour retards, malfaçons, déplacements,…refus de dénonciation d’un camarade.
Un des premiers soucis de la Commune, pouvoir ouvrier, a été de décréter l’instruction gratuite et obligatoire.
Pour les membres de la Commune, être collectiviste (ou communiste), c’est vouloir la collectivisation des moyens de production, condition préliminaire à toute égalité sociale.
LA LAÏCITE
L’Eglise s’était liée avec l’Empire et elle en avait profité avec la loi Falloux pour multiplier le nombre des écoles confessionnelles.
Aux yeux du peuple de Paris, l’Eglise était liée étroitement aux intérêts de la bourgeoisie.
L’un des premiers décrets de la Commune, adopté à l’unanimité le 2 avril 1871, décida la séparation de l’Eglise et de l’Etat et supprima le budget des cultes.
Edouard Vaillant, nommé délégué à l’Enseignement le 20 avril 1871, créa, huit jours plus tard, une commission chargée d’établir dans tous les arrondissements de Paris le même modèle d’enseignement intégral, primaire et professionnel, laïque et gratuit, incluant les arts et la culture pour tous, filles et garçons.
LA DEMOCRATIE DIRECTE
La Commune était avant tout un essai de démocratie directe. C’est ce qui faisait la force des communards : Ils étaient convaincus que la souveraineté ne se délègue pas, ne se représente pas, mais qu’elle s’exerce. Ils se sont dressés contre ce qui leur était inacceptable, se sont organisés eux-mêmes, souverainement, au sens le plus fort de ce terme.
La souveraineté populaire est imprescriptible, inaliénable et indélégable. Les élus du peuple, parce qu’ils sont nantis d’un mandat impératif, sont désignés sous l’appellation de mandataires. Ils doivent être incessamment contrôlés et peuvent être révoqués à merci.
Pierre Denis estimait qu’était révolue l’époque où le peuple était comme « un troupeau appelé à jour et heure fixes par ses gouvernants à voter sans abdication de tout pouvoir et de tout droit […]. « La souveraineté nationale étant dans le suffrage universel lui-même, [ce dernier] avait toujours le droit de se convoquer, c’est-à-dire que ce droit appartenait à tout groupe d’hommes qui avaient à consulter l’opinion sur une idée, sur un fait surtout, quand les événements sollicitaient et nécessitaient cette consultation. »
Sous la Commune, des clubs s’ouvrirent un peu partout. Ils avaient un triple but : éducation, information et expression.
Les décisions de la Commune étaient commentées au jour le jour et chacun pouvait les critiquer. La critique était sanctionnée par le vote d’une motion, qui était portée le lendemain à l’Hôtel de Ville. Ainsi les clubs exerçaient un contrôle sur l’Etat en le tenant au courant de la volonté populaire et en l’obligeant à en tenir compte.
LES FEMMES :
Un fait certain est la participation importante, massive, extraordinaire des femmes à la Commune. L’enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars le confirme : 1051 femmes furent déférées aux Conseils de guerre. D’autres, dont on ignorera toujours le nombre, furent tuées sur les barricades et dans les grands massacres de la Semaine sanglante de mai.
En 1866, l’agriculture fait encore vivre la majorité des Français. Mais la mécanisation du travail pousse de plus en plus à l’exode rural. Les femmes constituent 33 % de la population active. C’est une population qui se concentre principalement dans les manufactures du vêtement, à domicile, en ateliers ou en usines. Mais elles travaillent aussi dans les mines ou le terrassement pour la construction du chemin de fer.
A noter le rôle actif joué dans la Commune par les ouvriers et notamment par les ouvrières. Si cette classe a joué un rôle important lors de la révolution bourgeoise de 1789 (« Les bras nus »), c’est la première fois dans l’histoire que la classe ouvrière dispose, sur un bout de territoire, du pouvoir d’Etat, et qu’elle peut mettre en œuvre le modèle de société qu’elle porte en elle : le socialisme et la dictature du prolétariat. Le mariage légal et religieux est propre aux femmes de la bourgeoisie, et n’est pas la règle de la famille ouvrière, qui pratiquent le concubinage et l’union libre. L’habitude du peuple de Paris est de ne pas se marier ni à l’église, ni à la mairie, mais de pratiquer de fidèles « unions libres ».
La Commune revendique l’égalité des droits de la femme par rapport à l’homme.
LES CAUSES DE L’ECHEC :
Désorganisation : division entre le comité central et le conseil communal
Faiblesses militaires : indiscipline
Manque d’initiative : la Banque de France.
En 1881, Karl Marx reproche à la Commune de ne pas avoir pensé à réquisitionner la banque de France : « Outre qu’elle fut simplement le soulèvement d’une ville dans des circonstances exceptionnelles, la majorité de la Commune n’était nullement socialiste et ne pouvait l’être. Avec un tout petit peu de bon sens, elle eût cependant pu obtenir de Versailles un compromis favorable à toute la masse du peuple – seul objectif réalisable à l’époque. A elle seule, la réquisition de la Banque de France eût mis un terme aux rodomontades versaillaises. » (Lettre du 22 février 1881 de Karl Marx à Nieuwenhuis).
Prosper-Olivier Lissagaray note : « Toutes les insurrections sérieuses ont débuté par saisir le nerf de l’ennemi, la caisse. La Commune est la seule qui ait refusé. Elle abolit le budget des cultes qui était à Versailles et resta extase devant la caisse de la haute bourgeoisie qu’elle avait sous la main. » (Histoire de la Commune de 1871, parue en 1876).
La seule exigence de la Commune est d’obtenir de la Banque de France les avances qui lui permettent notamment d’assurer le paiement de la solde des gardes nationaux. A ce titre, la Commune reçoit 16.7 millions de francs : les 9.4 millions d’avoirs que la ville avait en compte et 7.3 millions réellement prêtés par la Banque. Au même moment, les Versaillais reçoivent 315 millions de francs du réseau des 74 succursales de la Banque de France !
Engels : « Bien des choses ont été négligées que, selon notre conception d’aujourd’hui, la Commune aurait dû faire. Le plus difficile à saisir est certainement le saint respect avec lequel on s’arrêta devant les portes de la Banque de France. Ce fut d’ailleurs une lourde faute politique. La Banque aux mains de la Commune, cela valait mieux que dix mille otages. Cela signifiait toute la bourgeoisie française faisant pression sur le gouvernement de Versailles pour conclure la paix avec la Commune ». (Introduction à la réédition de La guerre civile en France en 1891).
« La grande faute de tous ceux qui touchèrent de près ou de loin au ministère de la Guerre, de tous ceux qui trempèrent plus ou moins dans la direction des affaires militaires, ce fut de vouloir faire la guerre régulière, classique, de s’embourber jusqu’au cou dans l’ornière de la routine. On s’épuisa en vains efforts pour organiser des armées, des régiments, distribuer des commandements, enfanter des plans stratégiques. Pendant deux mois, on envoya aux remparts, aux forts, aux avant-postes, l’élite de la population révolutionnaire. Pendant deux mois, on perdit des milliers d’hommes, sans que ceux de qui cela dépendait aient rien trouvé de nouveau, d’original, aient conçu l’idée d’organiser sérieusement la véritable guerre populaire. La majorité demandait à cor et à cri des moyens révolutionnaires. C’est là qu’il fallait les appliquer. ». (Arthur Arnould, Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris).
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