Partie 23 CHANT GLORIEUX DE CELUI QUI VIENT
- jeanbernardritt
- il y a 2 heures
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Partie 23 CHANT GLORIEUX DE CELUI QUI VIENT
Je ne souhaite pas te répondre, directement, concernant ton neveu ou ta famille, car je ne connais pas le contexte. Cependant, je te propose de ne pas tenir compte des avis divers de personnes, qui ne cessent de comparer leur propre situation avec les situations d'autres personnes, et qui pense : "Il y a pire que moi", ou "Il y a mieux que moi". Tu sais bien que comparaison n'est pas raison, et souvent cela conduit à la jalousie et à l'envie. De plus , je te propose de te placer, non au niveau du mental (la parole, les mots, etc.) mais au niveau de l'essentiel.
Considérons d'abord la quantité, c'est-à-dire le nombre d'années de vie. Si je considère ma propre famille, j'ai un beau-père qui a perdu toute sa famille, ceci en deux temps : d'abord, avec son père, sa mère, et ses deux sœurs, il a fui, en 1930, les pogroms contre les juifs en Ukraine et en Roumanie. Puis, en 1942, il a été déporté avec sa famille (sur dénonciation) à Auschwitz. De retour en France, an 1945, il s'est retrouvé, isolé, avec une sœur qui a survécu. Les deux ont recréé une famille, nombreuse, et c'est là la meilleure réponse aux nazis allemands et aux fascistes français.
Si je prends l'exemple de ma mère : sans doute, elle a 102 ans. Mais elle a perdu son mari en 1973 (mon père) d'une leucémie, après une souffrance terrible de deux années et trois enfants sur un total de cinq : un frère, quelques mois à la naissance, un frère à 45 ans, d'un AVC foudroyant et une sœur à 59 ans, d'une leucémie douloureuse. Quelle est la pire souffrance pour une mère, sinon perdre des enfants ? Moi-même, j'ai eu une crise cardiaque, en 2008, à 55 ans, et je serais sans doute mort sans les formidables progrès de la médecine. Et, comme toi, je peux continuer le tableau sinistre.
Quel enseignement en tirer ? Comme dit le philosophe Auguste Comte, l'humanité est composée de plus de morts que de vivants, et le prophète Mohammad : "Mon âme est dans les mains de Dieu". Cela veut dire que tout dépend de Dieu, et en particulier la date et l'heure de notre mort.
Dans l'actualité, si tu as suivi la mort d’Émilie Duquenne, à 43 ans, d'un cancer rare et fulgurant, lors de la première phase de son deuil, elle a trouvé cela injuste, et elle disait qu'elle avait le "droit" de vivre au moins jusqu'à 80 ans. Mais dans la phase suivante, semble-t-il, elle a accepté son sort. Croyant ou non, ma mort est indépendante de ma volonté.
Considérons ensuite la qualité de la vie. Selon notre état d'esprit (optimisme ou pessimisme), nous allons considérer le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide. Pour moi, je suis persuadé que ton neveu, qui semble-t-il est un taiseux, comme beaucoup de lorrains, a une vie avec des joies et des peines, des plaisirs et des tristesses. La vie de chaque personne est un mélange des deux. Sur ce point, avec Dieu, ou avec la réalité pour un matérialiste, nous avons une capacité d'action : être positif, plutôt que négatif, se raisonner, faire le bien plutôt que le mal, en pensée, en parole et en action, relativiser, etc. Tout n'est pas possible, mais il y a une marge de libre arbitre.
Pour prendre une image, nous traversons des champs fleuris, et aussi des champs avec des pierres et des obstacles (épreuves). Si nous avançons nu pieds, nous aurons u plaisir dans le premier cas, et de la douleur dans le second cas. Par expérience, nous savons que le monde est ce qu'il est : mais nous pouvons changer notre regard sur le monde (changer de lunettes ?). Dans le cas des champs, un petit morceau de cuir peut faire l'affaire. Cela s'appelle "mettre des chaussures".
Les dons de Dieu sont multiples (être vivant, manger un bon repas, nager, avoir un travail, etc.). Mais nous ne savons pas toujours voir.
Pour un croyant, la mission est autre : dans l'épître des Hébreux, il est indiqué que nous sommes d'abord des enfants, avec une nourriture liquide ; puis nous devenons des "parfaits", avec une nourriture solide : c'est la béatitude, vivre le royaume de Dieu, etc.
Maintenant, à chacun de réfléchir. Je te donne un exemple. Ma mère, quand je lui demande comment elle va, souvent, elle me montre son pouce, et elle me dit :" Je suis toujours aussi seule, mon seul ami, c'est la télévision". C'est vrai qu'elle vit dans une grande solitude, comme beaucoup de personnes âgées. Elle a perdu son mari, des enfants, son frère, etc. Que faire?
Tu connais l'allégorie du figuier : celui-ci ne donne plus de fruit, après trois années, et le maître du champ veut l'arracher. Un agriculteur (son ange gardien ? ) dit au maître: laisse-le encore une année, je mettrai du compost et on verra l'année prochaine...
Il en est de même pour maman. Ou mon frère décédé à la fleur de l'âge. Quand quelqu'un est sur une impasse, ne donne plus de fruit, ne progresse plus, il est arraché ...Je m'interroge souvent : pourquoi faire durer la souffrance de quelqu'un, alors qu'il n'a plus goût à la vie. Note bien, et c'est le cas de maman, il y a souvent de la responsabilité de la personne. Si notre mission sur terre, c'est d'aimer Dieu, et d'aimer son prochain, ce qui est la même chose selon Jésus, alors qu'est ce qui empêche chacun d'âtre agréable avec les autres de les servir, au minimum de leur sourire ? Pour maman, c'est par exemple, se remarier, avoir des contacts, aller aux devants des autres, quitte à avoir des rebuffades et de souffrir ? Je pense donc que maman a , en vieillissant, une chance supplémentaire, et qu'elle a une leçon à apprendre.
C'est le cas du pape François :il était à l'article de la mort, et voilà qu'il se rétablit : à lui d'en tirer les enseignements. Cela peut être le cas de ton neveu : des prolongations, quelques mois, quelques années ? Seul Dieu le sait.
De plus, et ceci est une croyance personnelle, que je ne cherche pas à faire partager. La mort n'est pas le but ultime. C'est un passage une transition, vers un autre chemin, qui nous mène au but. Quel but ?
"Monter au ciel" est une image, pour dire : se rapprocher de Dieu, jusqu'à se fondre en lui. Pour un matérialiste, cela peut être se fonder dans l'absolu.
"Descendre en enfer" est aussi une image, pour dire : se rapprocher de Satan, jusqu'à se fondre en lui. Pour un matérialiste, c'est se fonder avec le mal absolu. A noter, que même dans le fond s de l'enfer, il y a du feu, et le feu est quelque chose de purificateur, qui permet de transformer le plomb (la lourdeur, la laideur,) en or (la légèreté, la beauté,)
De nombreux poètes (comme Dante), ou des prophètes, ont imaginé un ciel avec de nombreuses couches, de même que l'enfer.
A ton neveu donc de comprendre la leçon : sans doute, il a de la souffrance, et un jour, comme toi et comme moi, il va mourir. Mais il a aussi des bonnes heures : une tante qui l'appelle tous les jours, une cousine qui s'occupe de lui, etc. Mais aussi peut-être, quelqu'un qui s'occupe des terres qu'il a travaillé toute sa vie, ou des animaux qu'il a aimés, ... A lui de comprendre aussi, que grâce à un petit morceau de cuir (une religion, une morale, un état d'esprit, ou autre ?) il peut traverser ce passage dans de meilleures conditions : être positif ? Imaginer ce qui va se passer "après" ?
Tu es une grande lectrice de la petite Thérèse. Si tu lis le journal laissé par Agnès, la sœur de Thérèse, sœur au sens familial et aussi de "bonne sœur", tu sais que, à la fois, elle a vécu ses trois derniers mois, à 24 ans, à la fois dans la béatitude, mais en connaissant aussi les affres de la mort (je sens le diable qui tourne autour de moi, disait-elle, et aussi, à sa sœur : "Si je n'avais pas la foi, il faudrait enlever les médicaments près de moi, sous-entendant que la souffrance était telle qu'elle songeait à se suicider). Il suffit de voir son dernier sourire sur son lit de mort, pour se rendre compte qu'elle déverse des roses en continue, là où elle est, et aussi d'imaginer son petit corps décharné , pour imaginer le seuil des souffrances vécues.
« Mourir ? Mais où voulez-vous que j’aille ? »
Je ne vous raconterais pas d’histoires : comme vous, j’ai un corps, un mental un ego. Comme vous, ce corps est né, et je sais qu’il va mourir. C’est la ligne horizontale du temps, qui va de la naissance à la mort du corps. Mais l’initiation permet d’ouvrir à la Réalité : la ligne verticale, principe éternel, hors du temps et de l’espace, le Soi.
Quand les disciples du sage indien, Ramana Maharshi, ont appris qu’il allait mourir, ils l’ont supplié de rester encore un peu avec eux. Sa réponse a été : « Mais où voulez-vous que j’aille ? » Le malentendu entre le maître et ses disciples provenait du fait que ces derniers confondaient le corps du maître, né, donc appelé à disparaître, et le Soi universel. La question est : à qui le « Je Suis » va-t-il s’identifier, au corps ou au Soi ?
La maladie, la vieillesse et la mort
Ce que nous vivons, les uns et les autres, c’est la maladie, la vieillesse et bientôt, sans aucun doute, la mort. Cela aussi, selon un pont de vue, est la vérité du monde, en tout cas de notre monde. Et cette vérité-là est temporelle, car elle appartient au temps. Entre l’Éternité et le Temps, la thèse est la suivante : Nous manifestons l’une et l’autre, par le Soi et par l’ego.
La corde et le serpent
Dans une histoire traditionnelle, un homme voit une corde, au crépuscule, dans la pénombre, et, la prenant pour un serpent, est effrayé sans raison. Il s’agit d’une illusion. Le substrat du serpent, c’est la corde. Tant que dure cette perception illusoire, la corde n’est pas perçue en tant que telle. Ainsi, l’illusion a une part de vérité, et la réaction de peur de la personne est vraie aussi.
Il en est de même du monde et de la vérité du monde. Le monde est perçu comme espace, temps et causalité. Il est notamment, maladie, vieillesse et mort. Mais, selon la sentence, cela est illusion. Le substrat du monde est éternel, et il s’agit de l’Éternité. C’est la vérité du monde. Lorsque le monde cesse d’être perçu comme espace-temps, perception illusoire, on perçoit enfin sa vérité : c’est l’Éternité. L’Éternité est la nature et le substrat du monde. Si je perçois cette réalité, alors cesse la peur (peur de vivre et peur de mourir).
Le substrat, ou vérité, du serpent, c’est la corde. Tout comme le substrat, la vérité du monde espace-temps, c’est l’éternité. Un constat : le serpent et la corde sont un seul et même monde, et non deux mondes séparés. Ce qui change d’un aspect à l’autre, c’est mon regard, ma vision du monde.
Pourtant, les religions séparent les deux mondes : terre/ciel, Elohim, homme d’en haut/ Adam, homme d’en bas, etc.
De même, de nombreux philosophes séparent les deux mondes, comme s’il s’agissait de deux mondes différents : phénomènes/noumènes, monde d’ici-bas/ monde d’au-delà, mondes des illusions/ monde des archétypes, etc.
Le monde est comme cette image qui, selon la façon dont on la regarde, peut aussi bien représenter une sorcière qu’une jolie fille. Il s’agit donc de vision et de regard.
Je vous propose l’expérience suivante : Le serpent représente le Temps, car il a un début et une fin. Il a une certaine « réalité ». Mais la corde est là avant, et elle sera encore là après : c’est la Réalité, sans commencement, ni fin, c’est l’Éternité. En conséquence, en faisant l’une et l’autre expérience, vous avez fait l’expérience du Temps et de l’Éternité.
Du deux à l'UN, puis du UN au deux. Du monde à l’éternité, puis de l’éternité au monde. Montée et descente de l’échelle.
Partie 24 CHANT GLORIEUX DE CELUI QUI VIENT
L’INITIATION : UNE VISION NOUVELLE, UN REGARD NOUVEAU :
L’initiation est le passage du plan humain au plan universel. L’initiation est le passage du monde visible au monde invisible. L’initiation est la porte qui mène du monde à la vérité du monde. L’initiation est un mensonge qui dit la vérité (rôle de l’imaginaire). C’est une fiction théâtrale. Exemple des deux épines : l’une est enfoncée dans la peau (le monde) ; la seconde nous sert à extraire cette première épine (l’initiation). Ensuite, on jette les deux épines, devenues inutiles.
L’initiation est aussi l’expérience d’un passé commun. C’est une expérience commune et l’intégration dans un groupe.
« Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard ». (Marcel Proust).
L’initiation maçonnique est la mort du vieil homme : c’est-à-dire c’est une nouvelle naissance, puisque l’initiation contribue à changer le regard sur le monde : c’est une vision nouvelle, grâce au dévoilement de la vérité du monde.
Initier, c’est faire mourir. C’est une sortie du monde, franchir une porte donnant accès ailleurs. Initier, c’est aussi entrer, introduire. L’initié est celui qui franchit le voile du profane au sacré, et il va d’un monde à l’autre. Il change de niveau et se métamorphose. Et c’est la naissance d’un être nouveau. Tout en vivant encore dans le monde profane – auquel il ne cesse d’appartenir – l’initié pénètre dans l’éternité. L’immortalité n’appartient pas à la condition post-mortem, mais elle se forme dans le temps, et elle est le fruit de la mort initiatique. L’initiation préfigure la mort physique, qui est la seule initiation essentielle.
L’initiation est une déconstruction du « petit je », dans l’humilité, la persévérance et la prudence. C’est une désendidentification d’avec l’ego (corps, mental,…) et une identification avec le Soi.
La plus grande difficulté pour répondre à la question : « Qui suis-je ? » est que la réponse ne peut être discursive. Elle ne peut pas être de l’ordre de la parole, ni même du sentiment et du ressenti. Elle n’est pas de l’ordre de l’ego. Il faut aller chercher la vérité, non à l’extérieur, mais à l’intérieur de soi-même, au sommet de la montagne et au fond du puits. Il faut aller au centre : Vitriol (Visita Interiora Terae Rectificando Invenies Occultum Lapidem : Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant, tu trouveras la pierre). La dernière étape est : non pas trouver une réponse, mais simplement être. « Toi, tu es Cela ».
Nous existons sur deux plans différents, celui de la temporalité et celui de l’éternité, et ces deux plans ne font qu’Un.
« Connais-toi toi-même » : Pour parvenir à connaître notre être, il existe une méthode expérimentale, rationnelle, scientifique (l’analyse), et une méthode plus intuitive, harmonique, analogique, artistique (la synthèse). C’est la voie du cœur.
L’objet d’argile qui s’identifie avec la forme de l’objet. L’objet d’argile qui s’identifie avec son fond d’argile.
Imaginer un objet forgé dans une masse d’argile. Par l’illusion, l’éducation, ou l’erreur, cet objet s’identifie à sa forme : « Je suis un vase, le plus beau des vases », ajoute même cet objet quelque peu arrogant. « Je n’ai rien à voir avec tous ces autres objets ». L’individu qui est dans la Réalité, lui, se perçoit en tant que masse d’argile, qui a reçu provisoirement, transitoirement, et temporairement, une forme, mais qui est appelé à terme à retourner à l’argile primordiale. Cet individu, sage et éclairé, s’identifie donc avec l’argile, ayant temporairement une forme de vase, mais nullement séparé du tout.
« Je suis celui qui suis. Je suis ce que je suis. Je suis. ». REAA, Rituel 14° grade Grand Élu de la Voûte sacrée.
La forme est transitoire. Un jour, l’argile du vase rejoint l’argile globale.
L’identification avec la vague de l’océan. L’identification avec l’eau de l’océan. La poupée de sel.
Imaginez que le vent, ainsi que l’action de la Lune, lèvent à la surface de l’Océan une vague, qui a la prétention d’être quelque chose en elle-même, un être autonome, différent et même au-dessus de l’Océan ! Le temps qui passe va vite ramener cette vague à sa juste réalité, et lui démontrer que, si elle s’est séparée de l’Océan pour un temps déterminé, bientôt, elle va disparaître en tant que vague et fusionner de nouveau avec l’Océan primordial. La vague vient de l’Océan, et elle est destinée à y retourner. C’est aussi l’image de la poupée de sel, qui souhaite connaître l’Océan : pour ce faire, elle pénètre dans l’Océan, et elle y disparaît, dissoute dans l’immense masse d’eau. Cela signifie que, pour connaître notre Réalité, l’obstacle principal c’est nous-même, plus précisément le « petit je », l’ego. Il faut donc se libérer de cet obstacle. Cette libération s’effectue de toute façon par la mort physique. Mais la méthode maçonnique nous permet une libération anticipée ; elle fait de nous des « libérés vivants », c’est-à-dire des individus ayant pris connaissance, à travers l’initiation et la mort symbolique, de notre Moi profond, tout en maintenant suffisamment d’ego pour continuer de faire notre travail au milieu de nos frères et sœurs humains.
La vague naît, se développe, meurt et rejoint l’Océan primordial.
La bouteille : la bouteille, alors qu’elle est fermée par un bouchon. La bouteille, sans bouchon.
Si vous fermez hermétiquement une bouteille avec un bouchon, celle-ci a une certaine individualité par rapport à l’atmosphère environnante. Cette individualité lui est donnée par le bouchon, bouchon qui représente l’ego, le « petit je », celui que nous utilisons dans le quotidien. Cet ego est né, s’est développé et va mourir. C’est dire que l’air de la bouteille, à terme, va retourner à l’atmosphère (ou Mère). L’objectif de la méthode maçonnique est de montrer que cet ego crée une rupture artificielle, et cette méthode vise à retrouver l’unité primordiale et fondamentale : nous provenons de l’air et retournerons à l’air, air que nous n’avons jamais quitté.
« Assouplir », « enlever » le bouchon de la bouteille, faire communiquer le Total, l’Universel, et le particulier, tel est le but. Un jour, l’air de la bouteille rejoint l’air primordial.
Le nuage qui cache le soleil et le face à face avec le soleil.
Il suffit d’un petit nuage pour nous cacher le soleil. L’individu est le « petit je », qui cherche à percevoir le soleil. Le nuage est le monde. Le soleil est le Moi profond. La méthode maçonnique nous permet de nous élever, tel un aigle, au-delà des nuages pour contempler le soleil face à face. Le soleil brille en permanence au-dessus des nuages.
Pour en revenir à notre premier tableau :
Le monde, et le « petit je », ou ego, qui fait partie de ce monde, dans la temporalité, est facilement perçu par chacun de nous, car nous l’expérimentons chaque jour.
Il convient d’appréhender aussi le second plan qui est illustré par diverses images : l’écran blanc, le fond, l’argile, l’Océan, le Soleil, la Mère, la Lumière, le Témoin. Ce plan s’expérimente aussi.
Le nuage, un jour, disparaît : le Soleil demeure !
L’identification avec le film, avec l’écran blanc et avec la lumière.
Lorsque nous allons au cinéma, nous regardons un film, qui est composé de lumière passant à travers une pellicule. Si le film est de qualité, nous sommes plongés, à tout point de vue, dans l’action de ce film, et nous oublions qu’il ne s’agit que d’un film, et que celui-ci, dans le fond, repose sur un écran blanc. Ainsi, dans l’action du film, il y a notamment du feu et de l’eau, des naissances et des morts, la paix et la guerre, du sang et de l’amour. En somme toute la réalité humaine. Mais le feu, sur l’écran, ne brûle pas, et l’eau, de même, ne mouille pas. Avant et après le film, l’écran blanc est plongé dans un rayon de lumière blanche. Mais pendant le film, que d’émotions et de passions ! Nous sommes la lumière, l’écran blanc, et nous sommes aussi acteur du film. Mais l’écran blanc est là avant le film, et il sera encore le Même après le film. Et surtout la Lumière est éternelle et ne disparaît jamais : elle est à la fois la Vie et l’Amour.
Le monde est le film. La vérité du monde est la Lumière. « Je suis » est la Lumière. La lumière est un don, pas le résultat d’un travail ou d’une recherche.
Vivre, c’est apprendre à mourir :
Vivre selon le Soi, c’est la Vie éternelle ; vivre selon l’ego, c’est le suicide – suicide du Soi – et la Mort.
Apprendre à mourir est le travail de toute une vie. Illustrons cela par une allégorie. Pierre, honnête commerçant, s'occupait activement de son activité commerciale. Il savait qu'au moment de la mort, sa dernière pensée serait à la fois un point d'arrivée, celui de sa vie passée, et un nouveau point de départ, celui de sa vie à venir. C'est pourquoi, prévoyant, il donna à chacun de ses enfants un nom de Dieu : "Allah", "Brahma", "Yahvé". Par ce stratagème, il pensait se retrouver après sa mort aux pieds de Dieu dans le paradis. A l'heure de sa mort, il appela à son chevet ses enfants, criant successivement les noms divins. Mais lorsque tous ses enfants étaient rassemblés autour de lui, sa dernière pensée fut : "Si vous êtes tous présents autour de moi, qui s'occupe du magasin ?". Sa dernière pensée fut donc : "argent et bénéfice", ce pour quoi il a toujours vécu. S'éteignant sur cette idée, le jour finissant, il se réveilla le lendemain sur ce point de départ pour entamer à nouveau le même cursus : "argent et bénéfice". De même, l'ivrogne qui pense constamment à la boisson, s'endort avec l'idée d'un verre à boire et se réveille avec le même désir. Comment faire pour qu'il en soit autrement ? La franc-maçonnerie a mis en place une méthode répétitive pour échapper au retour du même et progresser : c'est le triangle. Avoir la bonne pensée, au moment de la mort, est le travail de toute une vie.
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