L'IMITATION DE JESUS-CHRIST (Partie 25)

L'IMITATION DE JESUS-CHRIST (Partie 25)

Chapitre XII.

De la formation à la patience et du combat contre le désir de posséder.

LE MAÎTRE.- Si tu dis que tu ne peux beaucoup souffrir, comment alors supporteras-tu le feu purificateur ?

Crois-tu que les hommes qui vivent dans le monde n'aient rien à souffrir ou peu de chose ?

Cependant, enivrés et aveuglés, ils ne comprennent pas et comme des animaux ils encourent la mort spirituelle pour les insignifiants plaisirs de ce corps corruptible.

En effet, si tu veux être réellement dans la joie et réconforté abondamment par Moi, c'est dans le mépris de toutes les choses du monde et dans le renoncement à tous les plaisirs inférieurs que tu trouveras ta bénédiction, et qu'un abondant réconfort te sera donné. Et plus tu te soustrairas aux consolations de toutes les choses créées, plus tu trouveras de joies douces et puissantes en Moi.

Chapitre XIII.

De l'obéissance de l'humble disciple à l'exemple de Jésus-Christ.

LE MAÎTRE.- Mon fils, qui s'efforce de se soustraire à l'obéissance , se soustrait de lui-même à la grâce, et qui cherche à avoir quelque chose à lui, perd les biens communs.

Si quelqu’un ne se soumet pas librement à ses maîtres, c'est le signe que sa chair ne lui obéit pas encore parfaitement mais que souvent elle résiste et murmure. Apprends donc à te soumettre rapidement à tes maîtres si tu veux soumettre ton propre corps.

En effet, l'ennemi extérieur est plus vite vaincu si l'homme intérieur n'est pas insoumis. Il n'est pas d'ennemi plus actif et plus mauvais pour l'âme que toi-même, si tu n'est pas soumis à l'Esprit. Il faut surtout que tu acquières un vrai mépris de toi-même si tu veux prévaloir contre la chair et le sang.

L'IMITATION DE JESUS-CHRIST (Partie 26)

Chapitre XIV.

Considérons les jugements occultes de Dieu afin de ne pas nous exalter dans le bien.

LE DISCIPLE.- Tu fais tonner sur moi Ta justice, Seigneur, Tu ébranles tous mes os de crainte et de tremblement, mon âme est fort effrayée. Je reste frappé de stupeur en voyant que les cieux eux-mêmes ne sont pas purs à tes yeux. [Il n'y a qu'un Ciel : la demeure du Père et le Ciel est pur, mais il y a « les cieux ». Ces mots sont au pluriel : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. » (Jean, XIV, 2.)]. Si dans tes anges Tu as découvert la perversité et ne les as pas épargnés, qu'adviendra-t-il de moi ?

Oh ! Immensité, oh ! Océan infranchissable où je ne retrouve de moi que le Rien total. Où donc la gloire se cache-t-elle ? Où est la confiance dans la vertu ? Toute vantardise vaine est absorbée par la profondeur de tes jugements sur moi .

Chapitre XV.

Comment se tenir et parler en toutes choses désirées.

LE MAÎTRE.- Mon fils, dis ainsi en toutes choses :

« Seigneur, si telle est Ta volonté, qu'il soit fait ainsi, Seigneur, si cela est pour Ton honneur, qu'il soit ainsi fait en Ton Nom. Seigneur, si Tu le juges avantageux et utile pour moi, alors accorde-moi d'en user pour Ton honneur.

« Mais si Tu connais que cela doit m'être nuisible et ne pas profiter au bien de mon âme, ôte de moi un tel désir. Car tout désir n'est pas de l'Esprit Saint, même s'il paraît à l'homme , droit et bon. Il est difficile de juger selon la vérité, si c'est l'Esprit bon ou l'adversaire qui te pousse à désirer ceci ou cela ou encore si tu es mû par ton propre esprit. Beaucoup à la fin sont déçus, qui d'abord croyaient recevoir l'intuition de l'Esprit bon. »

Oraison pour accomplir la volonté de Dieu.

Accorde-moi, très généreux Jésus, Ta grâce afin qu'elle soit avec moi, qu'avec moi elle travaille, qu'avec moi elle persévère jusqu'à la fin. Donne-moi de toujours désirer et vouloir ce qui T'est le plus agréable et le plus cher. Que je sois un seul vouloir et non-vouloir, avec Toi.

Toi, vraie paix du cœur, Toi, seul repos.

L'IMITATION DE JESUS-CHRIST (Partie 27)

Chapitre XVI.

Le vrai soulagement ne doit être cherché qu'en Dieu seul.

LE DISCIPLE.- Il s'ensuit , mon âme , que tu ne pourras être pleinement consolée et parfaitement régénérée, si ce n'est en Dieu, consolateur des pauvres et protecteur des humbles.

Quand bien même tu aurais tous les biens créés, tu ne pourrais être heureuse et joyeuse ; mais en Dieu, qui créa tout, demeure ta béatitude et ta joie, non comme elle est comprise et louée par les sots amis du monde, mais comme l'attendent les vrais amis du Christ et comme la goûtent parfois les hommes-esprits au cœur purifié dont la vie est dans les cieux. [Ces hommes, très rares et qui ne se distinguent par rien de visible, vivent à la fois dans les deux mondes, leur corps est sur la terre mais leur esprit est dans l'Esprit. (Phil., III, 20.)].

Chapitre XVII.

Que toute sollicitude soit fixée en Dieu.

LE MAÎTRE.- Mon fils, souffre que J'agisse avec toi ainsi que Je le veux, Moi, Je sais ce qui te conviens. Tu penses comme un homme ; en beaucoup de choses tu conçois ce que la tendance humaine te suggère.

LE DISCIPLE.- Seigneur, je souffrirai volontiers pour Toi ce que Tu voudras qu'il m'advienne. Je veux recevoir de Ta main indifféremment le bien et le mal, le doux et l'amer, la joie et la tristesse, et te rendre grâces pour toutes les choses qui m'arriveront.

Garde-moi de toute faute et je ne craindrai ni la mort ni le monde inférieur. Pourvu que Tu ne me rejettes pas pour l'éternité et ne m'effaces du Livre de Vie, aucune tribulation venant sur moi ne me nuira.